mardi 12 mai 2009

Wwoof wwoof !


A notre arrivée en Australie nous avons adhéré à une association : le Wwoofing. Le principe, en adhérant on nous donne un livre avec plein d’adresses de fermiers en Australie. On peut travailler quelques heures par jour dans ces fermes en échange d’un lit et des repas. C’est un bon moyen de rencontrer des australiens et de quitter notre routine alimentaire (pâte, riz, noodles, sandwich).

Comme nous sommes à Katherine (400km de Darwin) et que les parents de R. arrivent à Darwin dans une semaine, plutôt que de rester au camping nous avons préféré tester le Wwoof. Malheureusement on s’est vite rendu compte que c’était aussi dur de trouver du Wwoof que du travail ! Beaucoup de backpacker veulent faire du wwoof et près de Darwin il n’y a pas beaucoup de fermes du coup il faut réserver 1-2 mois à l’avance pour aller dans les meilleures fermes. Le type de ferme est très variable, ça va de la ferme de crocodiles ou de papillons à l’exploitation de manguiers ou au potager bio. Inutile de préciser qu’il faut réserver pour la ferme de croco. Du coup, après avoir reçu une dizaine de réponse négative pour faire du Wwoof nous avons trouvé notre bonheur : une exploitation de 8 000 manguiers. Petit bémol, une autre Wwoofeuse est déjà là bas donc il n’y a pas de chambre pour nous, on dormira dans le Bousin.

A notre arrivée nous rencontrons David qui est l’agriculteur. Petit tour du propriétaire, une grande maison avec une terrasse très accueillante. David, très posé, nous explique comment le travail va se passer. Même si on a jamais travaillé dans une ferme avant il n’a pas l’air alarmiste.

David nous présente aussi Maria, une guatémaltèque qui suit un programme d’échange et vie ici depuis janvier, pour faire une année scolaire en Australie.

Après quelque temps Nouma (la femme de David) et Emma (une woofeuse anglaise) arrivent à la maison.

Emma travaille dans cette ferme depuis 4 semaines et compte rester encore quelques temps. Si le Wwoofing est si populaire c’est parce qu’il est possible de renouveler son visa d’un an si on travaille 3 mois dans des fermes (travail payé ou non). Emma souhaite s’installer en Australie, donc prolonger son visa.

La première soirée a été très chaleureuse, le repas délicieux mais nous nous rendons compte que notre anglais n’est vraiment pas encore au point… Difficile de suivre les conversations, surtout qu’Emma a un cheveu sur la langue, ce qui n’aide pas pour nous.

Premier jour de travail

Notre premier travail consiste à aider Nouma à faire des confitures et sauces à base de mangues. Lors de la saison des mangues, de nombreux fruits ne sont pas mis à la vente à cause de leur apparence, même s’ils sont bons, il suffit qu’il soit abimé pour être rejeté. Auparavant tous les fruits refusés à la vente étaient jetés, maintenant une association s’occupe de faire des confitures ou sauces avec ces fruits pour éviter le gaspillage. Nouma fait parti de cette association. Nous avons donc passé la journée à mettre des étiquettes sur des pots, à faire des sauces et à remplir des pots. Pas très physique ni compliqué. Seules quelques réflexions de Nouma rendaient le travail désagréable (ex : « I don’t understand your English »).

Deuxième jour de travail

Notre deuxième jour a été complètement différent puisque nous sommes allés dans le verger de manguiers. Notre mission était de faire du « prunning » ou de l’élagage comme on dit chez nous. On était donc armé d’un sécateur, une grande pince et une scie pour couper toutes les branches trop basses.

 

Et oui, nous sommes devenus des vrais paysans ! Et surtout des jardiniers, même si la qualité n’était pas toujours garantie.

Ce qui nous a bien fait rire c’est le pick-up utilisé dans le verger pour pulvériser les pesticides ou simplement vérifier l’irrigation. Cette merveille a une ventilation efficace, sans son pare brise ni ses portes. Son siège baquet la transforme en voiture de course. Tout le luxe que l’on peut imaginer !

 

Sans oublier que nous montions à l’arrière du pick-up pour aller dans les bonnes parcelles du verger.

 

Le troisième jour de travail était très ressemblant au précédent.

Et on commence à se demander si on va tenir le coup jusqu’à l’arrivée des parents. Non pas que le travail soit dur ni que l’on en ait marre de dormir dans notre VAN, non définitivement le problème a un nom : Nouma.

Non contente de nous avoir pourri tout le long de notre première journée de travail, elle met un point d’honneur à nous les broyer après le boulot. Nouma est un croisement entre un pit-bull affamé, un sergent chef instructeur chez les marines, et une femme. Mais pour simplifier la chose, disons que c’est un dragon. Dès qu’elle ouvre la bouche, il faut se mettre à l’abri, ça va chauffer et il y aura pas de survivants au massacre.

Autant David est le roi des manguiers, le dragon est le roi de la maison. C’est son domaine, son territoire. Tout est règlementé. Vous allez vous dire, c’est normal quand on accueille comme ça des gens, faut un minimum d’ordre. Pas faux mec. Mais le dragon applique avec cruauté « nul n’est censé ignoré la loi ». Et gare à tes fesses si le premier jour tu fermes la porte des WC !!! Non mec, tu vas passer au peloton d’exécution…il faut laisser la porte des chiottes ouverte. Et t’en prends pour ton grade, d’ailleurs c’est comme à l’armée elle ne va pas t’expliquer pourquoi. T’appliques les ordres, c’est tout. Passons sur le fait que quand le dragon te dit « help yourselves » (« servez-vous tout seul à manger »), t’as pas intérêt à tenter de servir ton petit voisin de table. Certains ont essayé, C. a reçu la foudre. Tout est ainsi dans le monde merveilleux de Nouma. Si tu veux te resservir, tu attends que la sorcière te le propose…De toute façon elle a calculé au gramme près les portions pour chacun, elle tient à ce que l’on ne grossisse pas. Merci Nouma. Même David semblait désespéré du comportement de Shrek.

Ça se passait mieux entre le dragon, l’anglaise et la guatémaltèque mais faut dire qu’elles étaient soumises comme pas possible. Enfin bref, heureusement que tous les autres étaient sympa, sinon on aurait mit direct le plus de km possible entre elle et nous.

Mother’s day

Et oui, en Australie c’est la fête des mères et pour cette occasion nous sommes obligés de faire à manger pour le dragon. Mais comme le dragon est profiteur il a invité de nombreuses personnes, il faut donc nourrir 11 personnes ! Parmi eux il y a évidemment les résidents habituels, un suisse de notre âge, Nicolas, qui travaille pour la communauté de la région, Anne, une suisse employée dans la ferme, et d’autres amis de la famille, sans oublier un inconnu que le dragon a rencontré au supermarché le jour même. Déjà qu’on est pas de grands chefs, mais la motivation est absente quand il s’agit de faire un cadeau au dragon. On a pas le choix, Emma, Maria et le suisse cuisineront quelque chose, on doit faire pareil. C’est parti pour un gratin dauphinois français, on en profitera aussi ! Le suisse quant à lui prépare une fondue ! Il a importé du fromage pour ne pas être en manque en Australie. La soirée en l’hommage du dragon s’est bien passé au final, parties de ping-pong, convivialité et discussions en français étaient au rendez-vous. En plus de ça un nouveau wwoofeur est arrivé. Un australien nommé Guy, la quarantaine, il vient de vendre sa ferme et voyage en faisant du wwofing maintenant. Avant il acceuillait des wwoofeurs chez lui.

Dernier jour

Notre dernier jour dans la ferme n’était pas très efficient, la motivation n’y était pas du tout. Il faut avouer que c’est pas passionnant de tailler des arbres ! Après la matinée de travail nous sommes allés au bord de la Katherine river.

 

Nous sommes partis le lendemain matin pour rejoindre les parents de R. à Darwin et réparer quelques détails sur le Bousin (la porte notamment). Au moment de quitter la famille le dragon a été pris d’un élan de générosité et nous offert un petit pot de sauce à base de mangue que nous avions fait pendant le premier jour de travail. Comme quoi même un dragon peut être gentil par moment.

Nous garderons quand même un bon souvenir de ces quelques jours en compagnie de cette famille. Nous comptons refaire du wwoofing dans le Queensland. En espérant travailler plus avec des animaux qu’avec des arbres.

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